Le Hath-yoga envisagé simplement
comme complémentaire du Râja-yoga, le Hatha-yoga eut une vie indépendante dés une antiquité
probablement assez reculée. Si les grands classiques Hatha-dipika, Siva
Smahits, Goraksha Samhita dont les plus anciens remontent au Xllle siècle
l'envisagent encore plus ou moins comme une aide à la pratique des autres
yogas, le yoga du corps physique (Ghatsha-yoga) prit vite une grande
importance. Bien qu'avant évidemment ses racines dans le cadre de l'Hindouisme,
il est depuis longtemps pratiqué dans l'Inde par les adaptes des autres
religions (sikks, jains,parsis,musulmans) parfois sous l'expression nadi
suddhi, par quoi les yogins entendent essentiellement la vitalisation du corps
et la purification du système para-nerveux que constituent les nadi.
Au moins autant que n'importe lequel
des autres yogas, le Hatha-yoga est susceptible d'applications variées et
présente en lui-même un nombre considérable de variantes. Il comporte une
partie physique et une partie mentale.
La partie physique du hatha-yoga se
compose essentiellement de deux éléments, les postures (âsanas) et la
respiration dirigée (pranayama). Mais la partie mentale joue un rôle déterminant, dont dépend dans une large
mesure l'effet obtenu par les pratiques physiques; de nombreux Occidentaux font
la grave erreur de ne pas lui faire la part qui lui revient.
Pratiqué isolément ou comme élément
prépondérant dans un yoga individuel composé, le Hatha-yoga peut, au dire des
plus grands spécialistes hindous, suffire à conduire le yogin aux paliers les
plus élevés de l'évolution spirituelle. Il y a toujours eu, et il y a encore de
nos jours, d'autres dans l'Inde de trés grands sages qui n'ont guère suivi
d'autres disciplines. Ils vivent en général très retirés, souvent dans des
jungles des mortels, et ils ont discerné la capacité de se soumettre à des pratiques
invraisemblablement ardues, pleines de périls de toutes sortes, et dans
lesquelles ce serait pure folie de vouloir se lancer sans être suivi et dirigé
de jour en jour, sinon d'heure en heure, par un très grand maître.
Ce Hatha-yoga intégral n'est donc
pas pour les Occidentaux, et ses représentants qualifiés n'ont d'ailleurs
jamais commis la fatale imprudence d'en consigner les enseignements par écrit,
sinon dans des textes rigoureusement hermétiques et inutilisables.
En outre, ce Hatha-yoga intégral est
normalement peut-être même toujours pratiqué dans le cadre de la religion
hindoue, c'est-à-dire qu'il se propose pour but l'union ou la fusion avec l'un
des dieux du panthéon hindou, souvent Shiva ou l'une de ses Shakti.
Par contre, les premiers éléments du
Hatha-yogi pris comme discipline accessoire, sont couramment utilisés dans
l'inde, non seulement par ceux qui pratiquent un autre yoga à titre principal
pour atteindre des plans supérieurs de conscience, mais aussi par ceux qui
veulent simplement en recueillir les avantages physiques et mentaux sans y
attacher le souci d'une évolution religieuse ou spirituelle, générale ou
particularisée.
Ce sont ces premiers éléments que
des Occidentaux de plus en plus nombreux pratiquent maintenant soit sous la
direction de professeurs plus ou moins expérimentés, soit sur la base d'un
livre illustré de croquis ou de photographies.
Le profit que peut procurer une
pratique régulière des techniques les plus élémentaires du Hatha-yoga est tellement
disproportionné à l'effort exigé que ce yoga s'est répandu en Occident comme
une traînée de poudre. Les publications faites à son sujet légion, les
"écoles" qui ont la prétention de l'enseigner ne se comptent plus.
Beaucoup des unes comme des autres justifient la plus profonde méfiance, et le
profane confiant a de grandes chances de mal tomber. Même les exercices les
plus faciles et apparemment les plus
grave encore, c'est que les résultats encourageants obtenus en peu de temps au
prix de peu d'efforts poussent le débutant à se gausser des conseils de
prudence et de provoquer des troubles graves dans les systèmes respiratoire,
circulatoire et nerveux.
De grands maîtres hindous du
Hatha-yoga décrivent pour les Occidentaux les exercices que ceux-ci pourraient
faire avec profit et sans danger, en précisant toutes les précautions
nécessaires.