jeudi 5 septembre 2013

Le Yoga : l’esprit du hatha-yoga

Le Hatha-Yoga peut être pratiqué avec succès par chacun, athée ou croyant, car il n’est pas une religion, et sa pratique n’exige ni ne présuppose l’adhésion à aucune philosophie particulière, à aucune église ou croyance quelconque. On peut le considérer comme une discipline psychosomatique unique en son genre, d’une efficacité inégalée, sans plus. Le Hatha-Yoga, étant un ensemble de techniques, est neutre par définition, mais ce serait une regrettable erreur de ne considérer que cet aspect technique, et d’ignorer l’esprit dans lequel les grands Sages et Rishis de l’Inde antique l’ont conçu, esprit qui lui confère une indiscutable noblesse. Personne ne l’a mieux défini que Swâmi Sivânanda dans les lignes suivantes
« Si l’on admet que l’homme est en réalité un esprit incorporé à la matière, une union complète avec la Réalité exige l’unité de ces deux aspects. Il y a beaucoup de vrai dans la doctrine qui enseigne que l’homme doit extraire le meilleur des deux mondes, II n’existe aucune incompatibilité entre les deux, pourvu que l’action soit conforme aux lois universelles de la manifestation. La doctrine qui prétend que le bonheur dans l’au-delà ne peut être obtenu que par l’absence de jouissance icibas, ou par la recherche délib& rée de la souffrance et de la mortification doit être tenue pour fausse, Le bonheur ici-bas et la bénédiction de la Libé ration, tant sur terre que dans 1aude M, peuvent être atteints en faisant de chaque acte humain et de chaque fonction, un acte d’adoration. Ainsi le sadhak (l’adepte) n’agit pas avec un sentiment de séparation. Il considère que sa vie et le jeu de toutes ses activités n’est pas une chose part, conserver et poursuivre égoïstement, pour sa propre cause, comme si la jouissance pouvait s’extraire de la vie par sa propre force, sans aide.
Au contraire, la vie et toutes ses activités doivent être conçues comme une part de l’action sublime de la Nature. Il perçoit que dans le rythme des pulsations de son coeur, c’est le chant de la Vie Universelle qui s’exprime. Négliger ou ignorer les nécessites du corps, le tenir pour une chose non divine, c’est négliger et nier la plus grande Vie, dont il fait partie, c’est falsifier la doctrine de l’Unité et de l’identité ultime de la matière et de l’Esprit. Gouvernés par de tels concepts, même les pius humbles nécessités physi ques prennent une signification cosmique.
Le corps est la Nature ses besoins sont ceux de la Nature lorsque l’homme se réjouit, c’est la shakti qui jouit à travers lui.
En tout ce qu’il voit et fait, c’est notre mère, la Nature, qui agit et regarde le corps tout entier et toutes ses fonc tions sont sa manifestation. La réaliser pleinement consiste à rendre parfaite cette manifestation qui est 1uimême. L’homme qui cherche à se maîtriser, doit le faire sur tous les plans physique, mental et spirituel car ils sont tous en relation, n’étant que des aspects différents de la même Conscience Universelle qui l’imprègne.
Lequel a raison : celui qui néglige et mortifie son corps pour obtenir une prétendue supériorité spirituelle, ou celui qui cultive les deux aspects de sa personnalité comme étant des formes différentes de l’esprit qui l’habite ? Par les techniques du Hatha-Yoga, l’adepte cherche à acquérir un corps parfait qui devient l’instrument adéquat pour le fonctionnement harmonieux de l’activité mentale.
Le HathaYogi désire acquérir un corps solide comme l’acier, sain, exempt de souffrances et à même de vivre longtemps. Maître de son corps, il veut vaincre la mort. Dans son corps parfait il jouit de la vitalité de la jeunesse. Il veut même soumettre la mort sa volonté et ayant accompli sa destinée terrestre, d’un grand geste de dissolution, il quitte ce monde à l’heure choisie, Pratiquer le HathaYoga, ne signifie nullement accepter

cette doctrine mais, outre qu’elle révèle l’état d’esprit des vrais Hatha-Yogis, elle dissipe aussi certains préjugés répandus en Occident, notamment de considérer les âsanas comme une acrobatie insensée, inutile, voire même dangereuse, ou croire que c’est dans un but de mortification que les Yogis adoptent certaines positions qui paraissent douloureuses. Elles le seraient peut être pour un non initié, mais pour l’adepte entraîné elles ne causent jamais de souffrance, au contraire !